Femme monde à l’origine, puis renommée La fin de l’Humanité, est une commande d’écriture à l’auteur David Mambouch née pour faire une suite à plusieurs projets que nous avons réalisés dans le passé avec la compagnie norvégienne Neither Nor et ses deux artistes : Alwynne Pritchard et Thorolf Thuestad :
- 2013 : Bull’s Eye créé au Portugal puis pour Marseille 2013 Capitale Européenne de la Culture.
- 2016 : Hamlet-Machine de Heiner Müller, lors du Théâtre Permanent au Théâtre du Point du Jour à Lyon.
Et enfin en 2019 Underground réalisé en avril au TNG, et qui a été repris en Norvège à Bergen en août 2019.
En 2016 le Hamlet-Machine avait été réalisé avec l’auteur et metteur en scène David Mambouch avec qui je cosignais la mise en scène.
Nous avons demandé à David d’intervenir cette fois-ci en tant qu’auteur, dans le cadre de cette collaboration sous la forme d’une commande d’écriture.
Dans la mise en scène du Hamlet-Machine, il y avait dans le texte final (FURIEUSE ATTENTE / DANS L’ARMURE TERRIBLE / DES MILLÉNAIRES) un manque, très justement souligné par Jean Jourdheuil. La femme qui parle, prenant l’identité d’Electre, nous annonce la mort et les catastrophes auxquelles court l’humanité. Cette femme “terroriste“ aurait pu revêtir niqab ou autre gilet d’explosif. Le choix que nous avions fait avec David était peut-être trop vague ou trop universel, pas assez en référence à l’époque que nous traversons.
En partant de ce manque, j’ai commencé à imaginer un spectacle avec la performeuse britannique Alwynne Pritchard et l’actrice française Anne Ferret. A ce duo c’est ajouté une troisième interprète Laura Frigato, que nous connaissons très bien et qui a été longtemps interprète chez Maguy Marin.
La Fin de l’Humanité est un spectacle qui pourra se jouer dans plusieurs pays à chaque fois avec la langue du pays, anglais, français ou italien.
C’est un même texte dit par deux (trois) femmes dans trois langues. C’est un spectacle sur la multiplicité, sur le “en même temps“, un mouvement commun. Des femmes multiples, plurielles, mondes.
Un texte pour des femmes écrit par un homme.
Philippe Vincent – mars 2021
La fin de l’Humanité
Une commande d’écriture à l’auteur David Mambouch
Mise en scène : Philippe Vincent (France)
Traduction anglaise : Bob Lipman
Traduction italienne : (en cours)
Avec :
Anne Ferret (France)
Alwynne Pritchard (Norvège, UK)
Laura Frigato (France, Italie)
(Distribution en cours)
Création sonore : Thorolf Thuestad et Alwynne Pritchard
Scénographie : Benjamin Lebreton
Images cinématographiques : Pierre Grange
Administratrice de production : Léa de Saint-Jean // admin@scenestheatrecinema.com
Production & diffusion : Lise Eneau-Brun // + 33 (0)6 41 30 49 32 // production@scenestheatrecinema.com
Production : Scènes-théâtre-cinéma © 2021
La compagnie Scènes est en convention avec la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et subventionnée par la Ville de Lyon.
NOTE D’INTENTION par Philippe Vincent
Transhumanisme, gelée grise, singularité technologique, collapsologie, guerre contre les machines, catastrophe malthusienne, écocide, écophagie, érosion génétique, dysgénisme, ou encore le big crunch ; ce sont tous ces mots et leurs définitions qui nous font entrevoir ce que pourrait être la fin du monde de l’humanité : l’eschatologie.
La fin du monde n’est pas une réalité tangible, c’est un concept, qui ne peut rester qu’un concept, car après cela, nous/je n’existerai plus, donc je ne pourrai en témoigner. Tout sera perdu.
La fin de l’humanité, l’explosion du sens des choses, du sens de moi-même.
Nous ne parlerons pas de la petite mort du confinement que nous avons et sommes encore en train de vivre, mais nous ne pouvons pas, plus, y faire abstraction non plus.
La fin de l’humanité est un spectacle, non pas un spectacle de fin du monde, de fin civilisation de fin d’espèce, mais de débordement, comme une vague, moi goutte d’eau qui déborde au milieu de milliard d’autres gouttes d’eau. C’est la multiplicité de ces gouttes d’eau qui effraie, qui mène à la paranoïa.
D’un simple détail de sms non répondu, voilà que le monde s’emballe, court à sa perte et à la mienne. Moi goutte-d’eau, je me noie. Qui aurait pu prévoir cela ?
Le débordement, s’il y en a un, ou ma chute sur le sol seront terribles. Vais-je exploser, en de plus petites gouttes d’eau, me vaporiser ? Ne plus exister ?
Tout est réaction en chaine, comme l’apocalypse nucléaire, qui nous hanta jadis. Quand, adolescent j’attendais à la fenêtre le champignon. Que les Russes appuient enfin sur le bouton de l’arme fatale qu’on nous avait prédit. C’est à cela que nous étions éduqués dans les années soixante-dix. C’est avec ça que les informations nous surinaient, nous épouvantaient.
Le texte de David Mambouch est un texte “rapide“, une descente en schuss qui s’accélère. La mise en scène sera comme un emballement. La multiplication d’une voix, qui devient trois voix et enfin de multitude de voix qui toutes disent la même chose.
Ce que décrira le spectacle au travers du texte de Mambouch et des trois interprètes, c’est cette sensation de fin du monde. Une rythmique, une accélération inspirée par Steve Reich, “It’s gonna rain“, la gamme de Shepard ou encore “eternal accelerando” de Jean-Claude Risset.
La Fin de l’Humanité est en cours de création